Travail, Sexe, Patrie

Vendredi, fin d’après-midi. C’est toujours calme au bureau. Je n’ai pas encore pris de pause, je dois boucler un dossier important. Je commence à avoir chaud dans mon tailleur, j’ai retiré ma veste et mes bas me grattent. C’est élégant, n’est-ce pas ? J’ai attaché mes cheveux en chignon, retenus par un crayon gris. J’ai l’impression que mon mascara est entrain de dégouliner, la clim’ est en panne. J’attrape une feuille de papier et tente de me rafraîchir en la secouant de bas en haut tel un éventail. Je crois que je suis bien partie pour passer ma soirée au bureau. Mes derniers collègues quittent la pièce en me faisant un petit signe de la main. « Bon week-end ! » me lancent-ils. Ils rentrent chez eux et elles pour retrouver leur femme ou leur homme et leurs enfants. Préparent les sacs de voyage afin de partir à la mer ou à la campagne durant tout le week-end. Heureusement, je suis une férue de boulot et personne ne m’attend à la maison.

Mon portable vibre sur la table. Un message de Lui, de cet homme que j’ai rencontré l’été dernier, lors de vacances entre copines. Il vit dans la capitale. Je vis bien plus au Nord. On a vécu des nuits torrides lui et moi. Nous avions décidé de garder le contact malgré la distance. Rien de sérieux, juste des caresses, des baisers et du sexe. Beaucoup de sexe.

J’attrape mon téléphone portable et me dirige vers les toilettes. Je me regarde dans le miroir, mon mascara est toujours intact. J’ouvre son message. Il m’écrit qu’il est posé, seul, chez lui et me demande comment je vais. J’ouvre un bouton de mon chemisier, relève légèrement ma jupe pour laisser entrevoir mes bas retenus par un porte-jarretelles et lui envoie une photo suggestive sans trop l’être.

« Je vais passer ma soirée au bureau. Encore un dossier à boucler. »

Envoyer.

« Un fantasme me vient en tête : passer cette soirée au bureau avec toi. Je pourrais t’aider à boucler plus vite ce dossier 😉 » me répond-t-il. Je sens mon entrejambe me chatouiller et laisse glisser ma jupe sur le sol. J’ouvre mon chemisier, laissant apparaître ma lingerie en dentelle blanche. Je prends d’autres photos et lui envoie, une par une. Les poses suggestives et langoureuses se succèdent. Il m’envoie une photo de son érection à travers son jean. Qu’est-ce que j’aimerais frotter ma vulve mouillée contre sa bosse déjà bien dure. Je retire ma chemise et glisse une main dans ma culotte. Je me filme en train de me caresser, titillant délicatement mon clitoris à travers la dentelle de mon tanga. J’envoie la vidéo accompagnée d’un message. Mon corps frissonne et je l’imagine avec moi.

« J’ai envie que ta main remplace la mienne puis que ta langue prenne le relai. »

Mon portable vibre. Son prénom s’affiche sur l’écran. Je décroche et son visage apparaît.

« Garde ta main bien sagement dans ta culotte et écoute juste le son de ma voix. Laisse-la tomber sur le sol et filme-toi, je veux te voir en train de te toucher. Je veux te voir en train de jouir. »

« Qu’est-ce que tu me ferais, si nous étions là tous les deux ? »

« Je te regarderais et te dirais que tu es magnifiques. L’envie serait trop forte, je ne tiendrais pas une seconde de plus et t’enlèverais tout ce que tu portes pour te sentir enfin nue contre moi. Je t’embrasserais et descendrais le long de ton corps jusqu’à ta chatte. »

« Continue. »

« Ma langue viendrait lécher ton clitoris puis tes petites lèvres. Je les écarterais pour pouvoir te donner encore plus de plaisir. Je sais que tu aimes ça. Je ne délaisserais pas pour autant ton clitoris. Pendant que tu me caresseras les cheveux, que ton souffle s’accélérera, je te lécherai. »

« Continue, ne t’arrête pas. »

« Je glisserai un doigt en toi, puis deux, tout en continuant de te lécher. J’aime tellement te lécher. Je te sentirais perdre enfin pieds. »

Je sens mon corps prêt à exploser tel un volcan en éruption. Tous mes sens sont en alerte et l’orgasme se libère. J’hurle dans les toilettes, l’acoustique est vraiment pas mal. Ma voix résonne, mon corps est chaud et froid à la fois, mes jambes sont comme du coton. Mon cœur bat plus vite, ma respiration est aussi plus rapide. Je ramasse mon tanga et le remonte. Puis, j’enfile ma jupe et ma chemise. Je me regarde dans le miroir, mes joues sont roses, mon front perle de sueur, mon mascara n’a toujours pas coulé. J’ai le sourire aux lèvres. Je regarde l’écran de mon portable, un sourire de satisfaction s’inscrit sur son visage.

« La prochaine fois que tu as d’autres dossiers importants à boucler, fais-moi signe. »


Nouvelle de Nalamore

Illustration de Jüne

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