REQUIEM

J’ai l’image de ce cul

géométriquement découpé par le collant jarretelle noir

Offert – chargé de désir

Cette icône est ancrée sur ma rétine et dans mon bassin

avide de pilonner rageusement cette chair ferme

Et, de toute ma force cervelle comprimée

Les yeux rivés tendus

Les doigts amarrés aux os saillants des hanches

peu à peu et à grosses gouttes

il m’est apparu

D’abord enveloppé d’une brume lourde puis de plus en plus défini

de plus en plus sur de lui

il s’est matérialisé

prenant racine bien profond dans ma vulve

.

.

Mon magnifique sexe d’homme

.

.Tout

Tout dedans et dehors

tout s’est mis à bander et j’ai effleuré pour la première réelle fois

une dualité parfaite dans mon seul corps

Tout rugissant d’une même voix rauque

De ma vulve humide à en faire pâlir un ruisseau

à ma verge tendue prête à éclater en mille petites pierres tranchantes

il a retenti

LE GRAND REQUIEM

.

Oublier qu’on a un sexe défini

sans dessus dessous s’écarteler

devenir un être cornu au front paré d’écailles

Tout se mélange

on ne sait plus ce qui est à qui

combien de mains baladeuses et qui est dans qui

Je salive sous mes larmes si vite oubliées

J’ai eu peur qu’ainsi paré en femme ton sexe ne puisse plus jamais me pénétrer

mais il expose au monde qui m’habite

la grande puissance de son désir

Quand je l’avale c’est pour que tout cru

il aille naître entre mes cuisses

Je suis chercheuse d’or

J’organise minutieusement l’érosion des roches

Je te prête ma crypte nacrée et mes seins qui fleurent bon les rues esseulées tôt le matin

quand seuls les boulangers sont levés

en échange – juste ce soir – de ce plus haut sommet

.

Et j’entre en toi

avec la plus infinie tendresse

et ta crinière devient mes rênes

pour qu’on égratigne un peu la nuit


Texte écrit par Olga Mathey

Photo extraite de  « J’ai envisagé la Nausée » son dernier court-métrage sorti en 2019.

Page suivante →
sommaire