La Satanée Entrevue

« Le lien qui existe depuis toujours entre mort et sexualité dans l'inconscient collectif. »

Salut La Satanée,
Comment se passe ton confinement ?
Comment occupes-tu ton temps ?

Salut ! Mon confinement se passe bien pour l’instant. Je suis graphiste freelance et j’ai l’habitude de bosser chez moi donc le confinement ne diffère pas tellement de mon rythme de vie normal. Mes journées sont assez routinières, je travaille toute la journée et puis le soir je dessine, je regarde des séries, je joue aux jeux vidéo et j’évite scrupuleusement les réseaux sociaux particulièrement anxiogènes en ce moment.

Peux-tu nous parler de toi, de ton parcours, de comment tu es devenue La Satanée ?

Je suis graphiste de formation, j’ai étudié le design graphique à l’école des Beaux-Arts de Pau, puis Saint-Étienne pour finir par une alternance à Paris. Après quelque années en agence de communication, j’ai eu envie de voir autre chose et puis surtout de faire les choses à ma façon, c’est pour cette raison que je me suis mise en freelance. J’avais également envie d’avoir plus de temps pour dessiner et perfectionner mon style. Je dessine depuis toujours, mon style s’est construit d’inspirations diverses au fur et à mesure de mon évolution. Quand j’étais adolescente j’étais fascinée par l’oeuvre de Tim Burton, la poésie de Baudelaire et Mallarmé mais aussi par l’esthétique des groupes de Visual Key japonais comme Malice Mizer. Plus tard c’est les travaux de gravure d’Albrecht Dürer, le mouvement Symboliste, la littérature romantique, le folklore européen et asiatique qui m’ont inspiré et qui m’inspirent encore. J’adore la peinture classique italienne, l’école flamande (Jérôme Bosch notamment) et puis tout ce qui tourne autour de l’imagerie occulte, l’hermétique, l’alchimie mais aussi les icônes religieuses. Je m’interroge aussi sur la problématique du corps nu, de la chair fragile et mortelle. Et puis le lien qui existe depuis toujours entre mort et sexualité dans l’inconscient collectif. Ce sont toutes ces influences, ces problématiques qui ont créé La Satanée.

« Le soleil descendant qui donne aux champs une couleur dorée.  »

Quand tu te mets à dessiner, à quoi penses-tu ?

Je collectionne les images, je passe mon temps à en enregistrer dans mon téléphone, sur Pinterest, Instagram… Des images qui me parlent ou qui résonnent en moi pour diverses raisons. Quand je dessine ce sont toutes ces images qui se mettent en branle dans mon esprit pour en créer une nouvelle. Je pense au résultat, à l’image finie mais aussi à l’histoire qui se cache derrière, à quelles légendes ou folklores elle fait référence, à quels symboles populaires fait-elle appel, comment va-t-elle résonner chez le spectateur…

As-tu des rêves récurrents ou en tout cas un peu obsessionnels ?

Je rêve beaucoup et je me souviens presque toujours de mes rêves. J’ai donc plusieurs rêves récurrents dont celui d’être perdue dans un immense château de style gothique, qui aurait plutôt l’apparence extérieur d’une cathédrale. Ce château a la particularité de compter d’innombrables pièces en enfilades remplies de vieux objets, tableaux, livres, meubles recouverts de draps poussiéreux… et j’erre dans ce décor fantastique, dans une ambiance romantique victorienne. Dehors c’est la campagne à perte de vue, le soleil descendant qui donne aux champs une couleur dorée. Au loin, les bois, la forêts… J’adore ce rêve, c’est le genre d’ambiance que j’affectionne tout particulièrement.

Aimerais-tu pouvoir parler au soleil ? Que lui dirais-tu ?

Alors, non. Je n’aime pas trop le soleil et la chaleur. Je suis plutôt une créature de la nuit, si on peut dire. Si je pouvais lui parler je lui dirais de bien vouloir laisser un peu plus de place à la Lune.

« En 2020, on a toujours peur (et à juste titre) de rentrer seule chez soi après une soirée, c’est triste. »

La nuit est omniprésente dans ce que tu dessines, qu’aimes-tu le plus et que détestes-tu le plus dans la nuit ?

Ce que j’aime dans la nuit, c’est ses lumières. J’habite en ville, à Paris et les lumières orangées des lampadaires, les néons rouges des bars, leurs reflets dans les vitres des immeubles, les phares des voitures qui se mélangent aux lumières vertes des feux de signalisation… toute cette ambiance me fascine. Dans mes dessins, c’est une autre nuit, c’est la nuit dans la nature, à la campagne. Il y a quelque chose de rassurant dans la nuit en campagne. J’ai toujours cette vision romantique de champs, d’arbres immobiles, d’herbe mouillée, de calme. Le nuit, tout prend cette couleur bleutée qui enveloppe le monde, c’est beau.

Ce que je déteste le plus dans le nuit, c’est dormir. Cette interruption de conscience propice aux pensées les plus morbides m’angoisse. Et puis, en ville, la nuit c’est aussi synonyme d’insécurité quand on est une femme et ça me désespère de voir que ça ne s’arrange pas. En 2020, on a toujours peur (et à juste titre) de rentrer seule chez soi après une soirée, c’est triste.

Quels sont tes projets pour après l’apocalypse ?

Si ce n’est pas annulé, je devrais exposer au festival Rock in Bourlon les 26 et 27 juin 2020. Sinon, Satan Sanctus et moi travaillons toujours sur le premier numéro de notre fanzine Cult & Occult qui devrait être prêt d’ici l’été. Il sera disponible à Rock in Bourlon mais aussi sur le shop de mon site Internet. Pour la suite, on pense à un second numéro qui serait participatif. J’aimerais aussi beaucoup collaborer avec des groupes de musique, illustrer des pochettes d’album, des affiches… et puis je rêverais d’illustrer des recueils de poésie ou de contes folkloriques donc si vous avez un projet, n’hésitez pas à me contacter !


Illustrations : La Satanée

Propos recueillis par Charly Lazer

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