Indéros n°20
Stay Home & Listen To Han Han Music !
Yolande Bashing – Yolande et l’amour (Bruit Blanc)
Je t’écoute dans mon casque de mobylette en pleine campagne, à rouler furieusement, hurlant à la mort et à la fête, que j’existe. Il nous reste l’amitié cet amour, invisible comme tout bon virus mais si sensible. J’ai cru que tout était fini, ce matin d’après-rêve orgiaque, où tout le monde se saute, où tout le monde explose, où tout le monde se répare simplement, à base de cunnis et d’ecstasy. J’ai l’impression que la nuit n’a jamais vraiment cessé. Que c’est une nuit éternelle dans laquelle on entre sans phare. Une nuit sans rêve, une nuit sans lit, sans boîte de nuit. Mais je me glisse dans la serrure, je sors prendre l’air interdit ravagé de zombies. Je te suis, je prends le large, je m’accroche à la lune et au pare-choc et je deviens toi. J’ai envie de partager avec toi mes émotions, sensations psychédéliques, qu’on pleure à mobylette de rires immortels. Les sentiments, même plongés sous Marine ou dans le mazout, survivront quand je t’entends. J’entends mon prénom, raisonner. Je l’ai retrouvé sur le terre-plein central de l’autoroute et on a allumé un barbecue, comme on n’avait que nos corps on a brûlé nos soucis. Fumée rose pour mes amis. (CL)
19 Gadi Pirms Sakuma – 19 Years Before The Beginning (Stroom.tv)
À Miami, la nuit, des néons défilent sous nos yeux, fantômes des champignons du love. Le goudron est encore chaud de la journée, et il brille. Ecouter cet album c’est accepter la sensualité de cuivres tortueux, jazz sorti du passé comme coincé dans la vieille baffe de ton coeur. C’est de l’ombre sexy. Il se dessine un El Dorado, où une Chine abyssale (Pari Upei) côtoie un Cuba vénusien (Niknie Zveri), dans un feu de midi africain, pendant que cette fille, Babe of the 80’s, fait des arabesques avec ses mains et des serpents avec son dos. Une glissade sans fin sur du sable chaud qui rend beaucoup trop torride la Cold-wave, comme du Saada Bonaire interstellaire. Une orgie extra-muros, intra-corpus et ultra-lentos dans le Ruhig d’un temps sans espace. (RL)
Fred A. – De Angst Voorbij (Stroom.tv)
Post punk des nuits humides. Je passe mes nuits à rouler dans mon autoradio cassette comme une bande magnétique. Je fume près des sorties de ciné, et je les regarde fondre dans les bouches, disparaître à jamais. Parfois ils pleurent, parfois elles rient, parfois ils semblent avoir peur des ombres qui les suivent, leur conscience en somme. Je me cache derrière la fumée. Mais c’est un voile de rien, une pudeur équivoque. Puis je serre le volant jusqu’au Téléphone Rose où je danse sombre et soûl sur les beats d’aujourd’hui, les beats du temps vomi. Je tombe une fois, deux, je sors mon revolver et joue à la roulette russe avec moi-même, des gens hurlent, j’ai un flash allongé sur le macadam, réveillé par la pluie, dans le caniveau. Des ongles fins, vernis s’approchent pour m’extirper des enfers de la noyade et me déposer sur le bûcher. J’ai chaud quand je plonge dans ses yeux. On dirait une forêt en flamme à la surface d’un lac. J’ai une larme qui coule sur la joue. Je pleure dans son cou. Pitié de nuit, putain de nuit. Faits divers dans les ruelles qui puent l’essence et le parfum pas cher. Je monte dans une limousine. Elle me déshabille pour pas que je tombe malade et jette mes fringues par la fenêtre. Par-delà la peur. (CL)
J’ai le droit de mettre Pelada très fort sur les enceintes. La sortie a voulu me donner le courage de devenir une guerrière viking. Ca donne envie de courir dans les rues vidées avec une tenue de lin et laine, les cheveux tout chiffonés. Donnant des uppercuts au vent. Mais je ne sortirais pas. La musique ne te suit pas si tu pars loin. Les fantômes, eux oui. Je m’assieds chez moi, ça sent bon ici. Prenant soin d’imaginer la nourriture rapportée par la flotte qui vient du nord, bloquée dans le frigo. Ce n’est pas mauvais comme fin de journée. Avec ce soleil timide qui toque à la fenêtre, je me sens déjà dans un autre endroit, emportée par ta voix ferme mais enfermée dans la pièce. J’imagine déjà télécharger en 320 bits Ajetreo, pour le passer avec fierté lors de notre prochain dj sets Address Hymen. J’imagine leurs danses, leurs mouvements mystiques, aujourd’hui lorsqu’il s’agit de baisser le potard des basses. Autrefois, pour qu’elles ne meurent pas de faim. Est-ce qu’elles vont écouter Movimiento Para Cambio en même temps que moi comme hymne de combat ? On ira tous préparer nos belles assiettes, remplies d’épées, de flèches et de chevaux sacrifiés. Saveurs délicieuses et réconfortantes menées par nos anciennes armées légendaires. Si nous étions aussi sorcières. Se battant aux côtés de nos armées. Une bouchée pour toi, une bouchée pour toi, et une bouchée pour moi. Je pourrais commencer par le dessert froid ? Sans urgence ni maladresse, tous les doigts de toutes leurs mains préparent tout ça. Des ossatures féminines solides, mais pour l’instant, seules leurs stories me rendront affamée. (AS)
Jenny Hval – The Practice Of Love (Sacred Bones Records)
On se réveille un beau jour et on sait, au plus profond de soi, au sein des bourdonnements du matin, qu’on n’est plus capable d’aimer. Un goût amer d’enfant pervers qu’on chasse par des bouchées acides, la nuit, quand tous les chatons blancs comme des vampires pompent leur propre sang, défoncés aux câlins. On lutte dans les rayons laser, on cicatrise plus vite qu’au fond d’un lit de larmes, au fond du lit de notre rivière matricielle, reproductrice de journées enrhumées, enfumées, empoisonnées, on s’éloigne de la réalité. Des plombes sous la douche à se passer l’eau trop chaude sur la bouche. On se demande ce qui va bien se passer après. L’expérience post-expérience la plus traumatisante de notre vie, peut-être. On épluche les paroles de ce nouvel album de Jenny Hval, héroïne de temps ancestraux qui apparait ici maintenant. Un miracle. Comme l’amour est le mystère de la vie. Une déesse pour croire que demain sera juste un mauvais rêve. (CL)
SUO – Dancing Spots and Dungeons (Stolen Body Records)
S. et moi nous sommes finalement interdits de nous retrouver. Nous voulons garder bonne conscience, nous voulons être exemplaires. Nos mots deviennent droits, tendres, tendus sans retenue vers l’autre. On se rend compte qu’on s’aime parce qu’on veut avant tout se protéger. On met de côté nos désirs, on transforme les réponses qu’on y apporte. On fait comme tant d’autres, des apéros en vidéo, du sexe en vidéo. L’amour et le désir s’étalent sur surface plane. (CP)
Texte : Charly Lazer, Romy Lux, Amandine Steiger, Caroline Pil
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- Indéros n°20