Entretien avec Dovile Paris


Salut Dovile ! Tu vis à Anvers mais tu es lituanienne. Comment en es-tu arrivée à cet emménagement ? Comment te sens-tu en Belgique ? Et quelles différences te sautent aux yeux entre la vie ici et en Lituanie?
Dovile Paris : Salut Charly ! Merci de me recevoir, c’est vraiment un plaisir… Oui je suis lituanienne mais je vis à l’étranger depuis presque une décennie maintenant. J’ai passé 8 années à Paris et ça fait un an et demi que j’appelle Anvers ma maison. J’ai déménagé en France parce que j’étais jeune et j’avais l’âme d’une aventurière. J’avais une relation amour/haine avec Paris et après toutes ces années, la haine a fini par me consumer. J’ai eu besoin de changement et ce changement est venu. Les étoiles se sont alignées, j’ai fait la rencontre d’un être spécial et je me suis barrée. Je me sens bien en Belgique, vraiment mieux. La Belgique c’est un peu le juste milieu entre la France et la Lituanie : à taille humaine, moins stressant, mais aussi super dynamique et accueillant.

Quand as-tu commencé à être modèle ? Te souviens-tu de tes premières expériences ?
Dovile Paris : Mon tout premier shoot, c’était quand j’avais 18 ans. C’était une heureuse coïncidence de découvrir la photographie pile au moment où je pouvais poser légalement sans avoir besoin de la permission de mes parents. J’étais très investie dans la direction artistique des shoots, la garde-robe, le maquillage… Je prenais vraiment ça comme une activité créative. Je n’avais pas autant d’attente pour la partie « modèle » en tant que telle. Je me rappelle avoir reçu les photos et avoir dû réenvisager la vie… J’ai réalisé que j’étais en fait plutôt jolie, et que je pouvais m’exprimer à travers mes yeux, je pouvais raconter des histoires… J’ai trouvé mon échappatoire, comme certains peignent ou d’autres dansent…

Que dirais-tu aux personnes qui auraient peur de poser nues ? As-tu des conseils à donner à celles et ceux qui aimeraient s’y mettre ?
Dovile Paris : Le plus direct de mes conseils seraient : Ne le fais pas. Je sais bien que ça entre en contradiction avec ce que j’ai dit juste avant à propos de se créer un échappatoire etc. Mais la vérité c’est que le nu est un terrain dangereux. Je recommande de ne surtout pas commencer avant d’avoir l’âge légal, se donner le temps de grandir, d’expérimenter, de se poser. Être sûr.e que tu es bien mentalement sain.e. Bon nombre d’entre nous se mettent à poser parce nous avons des soucis : l’image que renvoie le corps, les relations, la sexualité, etc. Libère toi de ça et ensuite pose. C’est l’amère vérité – Les faibles se font abuser. Si t’es vulnérable, tu finiras blessé.e. S’il te plaît, fais attention à toi.

Quelles sont les choses les plus importantes quand tu choisis de travailler avec un.e photographe ? Certain.e.s sont tes ami.e.s ?
Dovile Paris : Le plus important pour moi demeure le déclic. C’est pas facile à expliquer mais nous savons tous ce que ça veut dire. Avec certaines personnes y’a le déclic, avec d’autres non. Bien sûr je peux aussi faire preuve de professionnalisme et travailler avec des personnes qui ne m’attirent pas forcément, mais on ne deviendra pas amis et sûrement même que les images seront juste bien. Je fais ami-ami avec des photographes, car ce sont à peu près les seules personnes que je rencontre. Mais aussi parce je galère vraiment pour sociabiliser. Je suis super timide avec les inconnu.e.s, mais me tenir nue devant un appareil photo m’oblige à baisser ma garde et à laisser quelqu’un entrer dans le même temps.

Certaines de tes photos sont très explicites, mais ton visage et ta posture viennent contrecarrer l’aspect érotique et exprimer beaucoup de choses. C’est comme si on oubliait la sexualité présente à l’image, c’est ça l’art érotique pour toi ?
Dovile Paris : Je suis le genre de personne qui voit de l’érotisme partout, tout le temps. Qu’il s’agisse d’un portrait vêtue en studio, ou d’un gros plan de mes lèvres, c’est une façon de mettre l’érotisme en exergue. Le but n’est pas de faire oublier le sexe au spectateur-voyeur, mais plutôt de faire en sorte que le spectateur-voyeur comprenne que toutes ces choses sont pour moi la sexualité.


Ça se voit que tu donnes beaucoup de ta personne pour les photos, en es-tu consciente ?
Dovile Paris : Oui, j’en suis clairement consciente. Je me sens vraiment moi-même quand on me photographie. Ça a toujours été un formidable moyen de me connaitre, d’apprendre des choses sur moi-même, c’est assez thérapeutique.

Si j’étais un réalisateur de film, je rêverais de créer le film érotique du futur. Le Monde en a besoin je crois. Accepterais-tu d’être mon actrice ? T’es-tu déjà intéressée à la comédie ? Et comment décrirais-tu le film érotique parfait ?
Dovile Paris : En fait j’aime beaucoup la vidéo. Quand je vivais à Paris, j’avais l’habitude de travailler en tant que figurante pour le cinéma. Une de mes résolutions du nouvel an était justement d’apparaître dans plus de vidéos. Depuis quelques mois je collabore avec des gens et c’est plutôt génial ce qui se passe. Heureusement je pourrai partager bientôt certains de ces trucs avec toi. Le film érotique parfait ? Ah ouais c’est une question sans bonne réponse… Perso, je voudrais explorer l’érotisme sur plus de niveaux. C’est un sujet tellement vaste que le réduire au plaisir et au sexe, ça paraît injuste. On peut y voir aussi de la tristesse, du désespoir, de la frustration, de la joie bouleversante, des questionnements profonds, des remises en question, de la routine, etc. Et c’est juste un petit bout de tout ça. Tout autour de nous peut littéralement devenir quelque chose d’érotique.

C’est quoi la liberté, Dovile ?
Dovile Paris : Il y a quelques idées qui me viennent à l’esprit. La liberté va toujours de pair avec l’honnêteté, dans mes yeux. Rester entière avec soi-même et avec les autres. Respecter les limites que chacun place. Un peu comme les lois si on parle de nations, ou de règles plus simples et logique si on pense à l’amitié. La liberté ne peut pas être un synonyme de l’anarchie où chacun fait ce qu’il veut. La liberté c’est quelque chose que tu façonnes, que tu expérimentes et que tu préserves.

Modèle : Dovile Paris
Photographie dans l’ordre : Enrico Donati, Milo Daemgen, Bram De Ceurt, Nikokoworld, Yannick Alfano, LightRhyme, henry Agnes, Bill Midday, Louis Sauter, Anna Catherine Muse, Anonyme.
Interview par Charly Lazer

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