Cuties Tell Stories

Clothilde s’étira lentement dans son lit puis attrapa le téléphone qui venait de sonner. « Café en terrasse ? », demandait Léonie. C’était presque devenu une tradition, un rituel. Le dimanche en fin de matinée, boire un café en terrasse était l’occasion pour les deux amies de se raconter les détails de leurs vies qu’elles n’avaient que vaguement évoqué par texto pendant la semaine. L’air était frais, Clothilde sentit ses tétons pointer sous le pull qu’elle avait enfilé à la hâte. La sensation était plutôt agréable. Alors qu’elles s’installaient sur un coin de table au soleil, Léonie se mit à raconter son rêve de la veille. Elle revoyait les deux amies s’embrasser tendrement, l’excitation montante, les corps moites. Et là, tandis que Léonie parcourait le corps de Clothilde, elle sentit son sexe dur contre elle. Clothilde avait un pénis. Pas n’importe quel pénis. Un pénis en forme de petite banane, plutôt mignon, et surmonté d’un clitoris. L’histoire les laissa toutes les deux perplexes. Quelle signification derrière cette métaphore hilarante ? Après quelques blagues sur les différentes explications possibles et la revue des autres événements de la semaine, elles se quittèrent avec le sourire. Mais sur le chemin du retour, Clothilde ne pouvait s’empêcher de visualiser la banane et le clitoris. Bien que ce fut très drôle, elle se demandait s’il pouvait y avoir une once d’aspiration derrière cette rêverie. En aurait-elle envie ? Elle avait toujours eu de l’attirance pour les humains, sans distinction de sexe. Mais Léonie n’aimait pas les femmes d’ordinaire, et d’ailleurs elle la voyait plus comme une amie proche, une sœur de cœur, qu’une amante potentielle. Bien sûr, elles s’étaient déjà embrassées par le passé, mais cela avait toujours était amical… Et surtout bourrées.
Quelques jours passèrent et les deux amies se rendirent ensemble à une soirée privée. Le concept était un genre d’Airbnb de la teuf. Ça avait l’air cool et puis c’était la première fois dans leur ville, une occasion de faire la fête autrement, et de rencontrer de nouveaux mecs, se disaient-elles. L’e-mail qu’on leur avait envoyé à la dernière minute avec l’adresse secrète précisait que les portes ouvraient à vingt heures. Avec une bonne heure de retard et après avoir ingurgité deux pintes chacune, elles arrivèrent dans ce qui n’était pas un appartement mais un palier desservant plusieurs portes fermées. Petit à petit, les autres invités envahirent l’espace, le DJ augmenta le son, de petits groupes se formaient et se déformaient au grès des conversations et à mesure que les verres se vidaient. La soirée était sponsorisée par une marque de bière, open bar pour tous. Les corps s’échauffaient sur le parquet XVIIIe qui faisait également office de cendrier géant. Léonie reprenait une conversation entamée vingt minutes plus tôt avec un garçon qui lui ramenait sans cesse des verres. Clothilde observait la fumée des cigarettes s’élever au dessus de la masse mouvante et suintante que constituait le dancefloor. Quand la lumière fut rallumée pour sonner la fin de la fête, elles dansaient chacune avec un garçon sans être capable de discerner s’ils leur plaisaient vraiment, ou si elles avaient simplement trop bu. Après s’être isolées pour débriefer, Léonie et Clothilde décidèrent qu’il était sans doute plus raisonnable de rentrer, et que de toute façon les deux garçons n’étaient pas si bien que ça.
Arrivées chez Clothilde, les deux amies se préparèrent à aller se coucher comme un couple qui a l’habitude de dormir chez l’une ou chez l’autre. Dans le noir, les têtes tournaient et elles rigolaient en se remémorant la soirée à peine terminée. Leur complicité était telle que Clothilde eut envie d’enlacer Léonie. Celle-ci approuva en passant ses bras autour de son cou. Leurs corps étaient si proches que leurs battements de cœur se mélangeaient. L’une caressait le dos de l’autre du bout des doigts, puis saisissait les fesses fermement. Quelques lents coups de langue dans la nuque, sur la poitrine. Elles ne formaient plus qu’une chimère brûlante aux bras et jambes entremêlés, et s’endormirent ainsi. Le lendemain matin, Clothilde se leva la première et prépara un plateau avec du café, des viennoiseries et une assiette de fruits. Elle fit exprès de disposer sur le côté une banane surmontée d’une noisette. Quand elle revint au lit avec le petit déjeuner, Léonie éclata de rire à la vue de la sculpture phallique. Sans avoir besoin de se le dire, elles avaient compris que leur amour était platonique.


¡ Ay lulo, lulito mío !
J’ai un océan à traverser pour te retrouver.
Dans mes Andes septentrionales natales, dans la savane de Bocotoya.
Avant que le ciel soit plus bas que la terre.
Au sud ouest de Cundur-Curi-Marca: le royaume du dieu du vent, sous la protection attentionnée du condor, je t’ai trouvé.
Il ne me reste alors qu’une chose à faire: ouvrir ta peau lulito mío,
Et retrouver ta force de montagne,
Et ton petit fleuve doré,
Faire de toi ma lulada.
Photo : Charly Lazer
Textes : Caroline & Nicolás « nariguera » Navas Prada
Modèles : Caroline & Nicolás « nariguera » Navas Prada

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