Barcelone

Le duvet de tes cheveux scintille dans la pénombre.

Tes pieds ne dansent plus.

Tu veux enfermer mon sexe dans une boule à neige

en pleine sieste d’août.

 

Tu veux dévorer mes cuisses,

mon ventre, l’arrière de mes fesses.

Et pourtant il pleut sur ton front.

Un déluge.

 

Je t’ai traqué à travers des milliards de pixels

et te voici.

Chambre Zéro.

Pas d’erreur possible

il n’y en a qu’une.

Je te jure que c’est le hasard.

 

Tu me pinces comme de la viande,

tu dis que ce geste a un nom dans ta langue.

Que c’est affectueux.

 

Nous nous sentons comme jamais nous nous étions sentis.

De très près.

Nous palpitons ensemble

d’une même membrane

et tu souris de ce sourire à demi.

 

Tu dis :

« Je t’aime bien, car tu n’as rien d’une carte postale. »

 

Dans le parc où un type hirsute

arrime les barques pour la nuit

sous un ciel encore clair

où se découpent les frondaisons opaques

 

Nous échangeons

une plume de carnaval

contre

une plume de flamant rose.

 

Comme la plupart des tragédies microscopiques,

ton vol anticipé est tombé un mardi.

Personne n’a rien remarqué.

Vers trois heures du matin,

tu as laissé une chaleur d’urine

sur l’asphalte à vif

et un goût d’absinthe

sur ma langue.


Poésie et gravure de Flora Lagenèbre.

Page suivante →
sommaire