Brève Nocturne

   Tard il frappe à la porte, elle reste de silence, pas à pas il s’échappe, il rejoint la faible lueur de la nuit. Las de solitude il s’allonge, ronge le bord de ses rêves, sève amère dans la bouche, il se couche. Il regarde le ciel étoilé, perdu sur ce lointain souvenir, détruire les quelques secondes qu’il lui reste à penser, bruit de l ‘échappée. Il se redresse, il veut sortir du vide, vivre l’obscurité.

   Dans le bois il marche, dans les buissons il tombe. Il suit celui qu’il croit être, panser la chair, lettre à celui qu’il ne peut toucher, sans réponses, il ne peut l’oublier, fuir l’absence. Il se dirige vers ces lieux de sueur, course nocturne. Il ne bouge plus, les ombres se croisent, la lumière glissante joue avec les corps. Ils l’attrapent, il peut les sentir, les tirer contre soi, il aime leurs mouvements brusques, il se cambre. Un coin encore plus sombre, glissent les mains, s’ouvrent les bouches, il couvre ces gestes de jouissance, coup de hanche. Le désir redevenu silencieux s ‘écoule sur son torse, il est dévêtu. Ils lui ôtent sa cagoule, saoul de cet air il s’écroule. Ils s’échappent, ils le laissent se reposer face à l’aurore, au loin on peut entendre le murmure des prés fouetté par le vent.


Illustration et texte par Tom De Pékin 

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